Friday, June 15, 2012





















Elias Sanbar, l'inquisiteur malgré lui

C'est à Elias Sanbar qu'est revenu l'honneur d'exécuter la basse besogne et de mener à son terme une cabale aussi stupide que ridicule. Il fallait empêcher à tout prix la remise d'un prix dûment décerné à un écrivain dont on a découvert après coup l'inconduite. L'écrivain s'appelle Boualem Sansal, son crime c'est d'avoir bravé un interdit de façade qu'aucun de ses accusateurs ne respecte plus depuis lurette. Mais que pouvait faire l'onctueux Elias, jamais avare en flatteries empressées quand il s'agit de soigner sa petite notoriété, lorsque les vrais inquisiteurs ne sont autres que le Hezbollah et le Hamas, toujours prompts à jeter l'anathème et l'excommunication majeure.

Le Prix du Roman Arabe, fondé en 2008 à l'initiative de Vénus Khoury-Ghata, et parrainé par le Conseil des ambassadeurs arabes, avait pour but déclaré de "récompenser un ouvrage de haute valeur littéraire et de consolider le dialogue interculturel entre le monde arabe et la France en mettant en avant la littérature arabe traduite ou écrite directement en français".

Depuis sa création, il a successivement récompensé Elias Khoury pour Comme si elle dormait, Gamal Ghitany pour Les Poussières de l'effacement, Rachid Boudjedra pour Les figuiers de Barbarie, et Hanan El Cheikh pour Toute une histoire.

Pour 2012, le jury présidé par Hélène Carrère d’Encausse avec la participation entre autres de Tahar Ben Jelloun, Vénus Khoury-Ghata, Alexandre Najjar, Elias Sanbar, Josyane Savigneau, Robert Solé et Olivier Poivre d’Arvor a attribué le prix à Boualem Sansal pour Rue Darwin. Or, les diplomates émérites et néanmoins mécènes (pour la somme ridicule de 15000 euros) découvrent un peu tardivement que le lauréat s'est rendu en Israël du 13 au 17 mai en tant qu'invité d'honneur du Festival international des écrivains à Jérusalem. Un coup de tonnerre dans un ciel arabe sans nuages (tu parles !)

Aussitôt, c'est le branle-bas de combat et c'est au défenseur ès qualités de La CAUSE SACRÉE, le brave Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l’Unesco (mais aussi écrivain et poète à ses heures) de mener l'expédition punitive et de mobiliser ses pairs contre le traître qui a osé serrer la main des Israéliens. Il fallait coûte que coûte lui arracher le prix, un prix déjà attribué pour la qualité littéraire de son livre et non pour sa conduite politique quelle qu'elle soit. Mais c'était sans compter avec l'un des membres du jury, Olivier Poivre d’Arvor, directeur de France-Culture qui a démissionné en signe de protestation et l'a fait savoir publiquement.


Lire à ce sujet l'article de Pierre Assouline: Rififi au Prix du roman arabe publié sur son blog La république des livres ainsi que la réaction d'Elias Sanbar publiée sur le site Mediapart. Lire également l'article dOlivier Poivre d'Arvor: Pourquoi je démissionne du Prix du roman arabe, publié le 11 juin par Libération.