Sunday, March 3, 2013














Juste un frémissement...

Il aura fallu 23 mois de conflit, 70 000 morts et plus d'un million de réfugiés pour que les Etats-Unis daignent enfin infléchir leur politique attentiste. Fallait-il ou non armer les rebelles syriens ? Telle était la question qui obnubilait Barack Obama. Lui, dont le seul souci était de se dégager au plus vite de l'Irak et de l'Afghanistan afin de mieux s'occuper du front intérieur, a fini par se rendre à l'évidence: Une grande puissance ne peut renoncer à jouer son rôle et que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, il est du devoir des Américains de peser de leur poids pour faire pencher la balance.

Car au-delà des litanies anti-impérialistes qui constituent l'essentiel du gagne-pain de quelques scribouillards du dimanche, c'est bien l'engagement des Etats-Unis auprès des rebelles syriens qui permettra de faire basculer l'équilibre des forces. Et bien que ridiculement maigre, l'aide américaine (60 millions de dollars) annoncée à Rome par le nouveau Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, n'en constitue pas moins un tournant dans ce conflit à tête d'hydre.

Face à un tyran autiste, soutenu par un Iran fournissant un approvisionnement inépuisable en armes et en matériel, et une Russie jouant à la tenancière de la maison close Assad & Co, il était inévitable que la Maison Blanche soit tôt ou tard amenée à renoncer à son attentisme et à son espoir fallacieux de voir un jour surgir une opposition syrienne exemplaire remplissant tous les critères qui en feraient un partenaire irréprochable. L'opposition syrienne est ce qu'elle est et la peur que l'aide fournie finisse entre les mains des nébuleuses jihadistes n'est plus de mise.

Toute justifiée qu'elle puisse être, cette peur semble parfaitement ridicule en regard des enjeux stratégiques. C'est l'avenir du Proche-Orient qui est en jeu et non plus le sort d'un régime sanguinaire voué à disparaître. L'alternative est simple: soit une région dominée par l'Iran théocratique qui a déjà engrangé l'Irak et partiellement le Liban et qui est prêt à se battre pour la Syrie comme s'il s'agissait d'une province iranienne, ou bien une région qui essaie de s'affranchir des ses archaïsmes et qui continuera cahin-caha à voir bourgeonner ses printemps quand bien même ils seraient confisqués pour un temps par les fréristes. C'est là que réside le véritable enjeu et les Etats-Unis ne peuvent en aucun cas se soustraire à leur devoir. Leur rôle est tout simplement vital.

Pour le moment, il n'est pas question de fournir des armes aux rebelles. L'aide officiellement annoncée est "non létale", mais on imagine mal que les armes d'origine croate puissent affluer via l'Arabie Saoudite sans le consentement des Etats-Unis. Avec cette inflexion de la politique américaine, les Français et les Britanniques ne tarderont pas à emboîter le pas. L'attente a été beaucoup trop longue, mais le frémissement est prometteur.